LES
FOUILLES ARCHEOLOGIQUES
Octobre 1986 : une opération archéologique exhume les
sources historiques de Neuvy-Pailloux. La municipalité a entrepris depuis
quelques années l'embellissement de l'environnement de l'église du XIIe
siècle. Pour revaloriser le bâtiment aujourd'hui désaffecté, il a fallu
faire appel aux Monuments Historiques ; la recherche de l'état du XIIe
siècle fut donc confiée aux spécialistes du sous-sol que sont les archéologues.
Mais la découverte monumentale la plus extraordinaire
vient des fondations de l'église du Haut Moyen âge. En effet, les fondations
de l'abside de cette église sont constituées de fragments de stèles funéraires
gallo-romaines, réemployés. Parmi eux, trois éléments comportant des motifs
sculptés. Le plus intéressant est le visage d'un homme qui a vécu à Neuvy-Pailloux
au Haut-Empire. L'on sait donc maintenant que l'origine de ce lieu d'inhumation
remonte à l'époque gallo-romaine. Au moment de cette découverte, on a
vu briller dans les yeux de tous les bénévoles locaux, le plaisir d'avoir
contribué à l'apport de ces stèles au patrimoine local déjà connu. Didier Dubant, article du 24 mai 1987, dans "Neuvy-Pailloux Hier et aujourd'hui" N° 2 (juillet 1987).
La découverte de fragments de stèles gallo-romaines en position de remplois fut l'un des moments les plus importants de la fouille. Initialement, ces stèles avaient pour fonction de marquer en surface la présence des tombes dans la nécropole. Elles permettaient la commémoration des défunts. Outre leur valeur en temps qu'éléments du patrimoine néopaludéen, ces stèles permettent d'approcher un aspect du cycle de production et de commercialisation d'une carrière gallo-romaine. Une étude minéralogique de ces stèles nous a confirmé leur appartenance à du calcaire Jurassique Bathonien. Ce calcaire oolithique (calcaire formé de multiples grains ronds) est constitué de grains très fins. Il est extrêmement agréable à tailler. Des essais personnels nous ont montré que la taille pouvait être facile et extrêmement rapide. Le gisement le plus proche est à quinze kilomètres de Neuvy-Pailloux, dans la commune d'Ambrault. Ce secteur est connu pour avoir été intensivement utilisé dès l'époque gallo-romaine. Les carrières à ciel ouvert y sont nombreuses mais pour la plupart aujourd'hui comblées. Sur la base d'observations minéralogiques, la pierre utilisée en général dans les constructions gallo-romaines du secteur provient des carrières qui ont fonctionné dans cette commune. Mais l'utilisation intensive de ces mêmes carrières à l'époque médiévale a fait disparaître semble-t-il toute trace d'ateliers. Extrait de "La nécropole gallo-romaine", par Didier Dubant.
Ces stèles gallo-romaines connurent une reconversion
avec l'apparition du christianisme. Sur la face arrière de deux d'entre
elles, des symboles paléochrétiens furent gravés. Elles furent donc réutilisées
comme couvercles de sarcophages. Ces symboles du christianisme réutilisés
dans les fondations de l'église à la fin du VIème siècle remontent au
Vème ou VIème siècle. Extrait de "Le passage au christianisme", par Didier Dubant. Lorsque l'édification d'une nouvelle église fut décidée
au XIIème siècle, le bâtiment qui existait déjà fut démonté jusqu'au niveau
des fondations. Le tracé initial fut repris mais agrandi encore une fois
vers l'Est. A l'inverse des deux édifices antérieurs, celui-ci n'utilise
pas de remplois. Il est entièrement construit avec des matériaux neufs.
Extrait de "L'église du XIIème siècle", par C. Dallot, D. Dubant, M. Prieur.
Deux inhumations, par leur caractère privilégié et la
bonne conservation de la tombe, sont à traiter séparément. La tombe dite
du "seigneur" : celui-ci repose dans un sarcophage calcaire trapézoïdal
au pied de l'autel. Ce sarcophage installé au XIIème siècle fut donc utilisé
pour la dernière fois dans la seconde moitié du XVIIème siècle. En principe,
l'enterrement dans les églises a été à maintes reprises déconseillé par
l'autorité religieuse sans un réel succès. Des critères étaient imposés
à ceux qui souhaitaient s'y faire enterrer : Extrait de "Les inhumations "ad sanctos" du XVIIème siècle", par Didier Dubant. Ces quatre extraits sont tirés du numéro spécial "Les fouilles de l'église de Neuvy-Pailloux, 1986-87". UNE FEMME CERTAINEMENT IMPORTANTE ! Parmi les sarcophages mérovingiens découverts, se trouvait
la sépulture d'une jeune femme du VIIème siècle. De cette tombe trapézoïdale,
en calcaire d'Ambrault, ne restait que le fond et la paroi droite.
Dès ce moment, comme pour toutes les autres sépultures
ouvertes, des sentiments de respect, de joie et de curiosité m'envahirent.
De plus, cela m'obligeait à passer de la truelle à un matériel plus fin
comme le scalpel et les pinceaux.
Sur les lieux mêmes de la fouille, on imagina l'inhumation de cette jeune femme avec toutes ses parures et ses vêtements que tenait la fibule. C'est alors que pour en savoir plus, je demandai à Didier qui cette femme pouvait-elle être ? A cette question, il répondit simplement : "une femme certainement importante !". Luc GAULUPEAU Extrait du numéro spécial "Fouilles archéologiques, Neuvy-Pailloux, juillet 1987". |